Ukraine et Union Européenne:Vers un accord de coopération renforcé?
Extrait de Ca derange Le débat sur l'élargissement de l'Europe est un sujet chaud depuis que Valery Giscard d'Estaing a lançé le pavé dans la mare des frontières de l'Europe.
Avant ce pavé public, il était implicitement admis que l'Europe n'avait pas de frontières et que qui voulait y entrer le pouvait. D'ailleurs, personne ne s'est posé la question lorsque,au premier janvier 2007, la Roumanie et la Bulgarie sont entrées dans l'Europe, de savoir si c'était vraiment raisonnable et si le moment en était bien choisi. Car l'arrivée de pays à bas cout de main d'oeuvre et à bas niveau de vie suppose que le reste des pays européens puisse financer leur développement et supporter l'arrivée de ces nouveaux concurrents à bas cout. Il existe en Europe des pays et des philosophies politiques qui croient que l'arrivée de nouveaux marchés est favorable dans tous les cas à la croissance économique et d'autres, dont la France, qui trouve que le prix à payer en terme d'emplois détruits et de chomage est trop lourd. C'est même la raison majeure du Non à la Constitution Européenne du peuple Français.
Le débat a pris particulièrement corps à l'occasion de l'ouverture des négociations d'adhésion de la Turquie dont la localisation en dehors de l'Europe géographique, l'importance de sa population et donc de ses droits de vote et la religion unique pose problème. A cette occasion ont été mis en avant la solution de l'accord de libre échange ou de coopération ou également le statut de membre associé.
Il est vrai qu'en dehors de la Turquie, d'autres pays géographiquement européens, en particulier les ex républiques soviétiques comme l'Ukraine, la Bielorussie, la Georgie et d'autres encore(les contours de la Méditerannée), ont frappé à la porte de l'Europe, rendant ainsi la question encore plus brulante. La question se pose donc du ou des statuts de nos nouveaux voisins.
L'Ukraine fait partie de ceux là, qui a exprimé son souhait d'intégrer l'Europe à moyen terme, immédiatement après la révolution orange, au grand dam de son voisin et exprotecteur, la Russie. L'Union Européenne n'a pris aucun engagement sur un tel élargissement mais elle vient de décider d'ouvrir des négociations pour mettre en place un "Accord de Coopération Renforcé". Il s'agit d'une nouveauté, un accord qui instituerait une zone de libre échange attractive pour l'Ukraine, un partenariat renforcé dans le domaine de l'energie et un dialogue sur les droits de l'Homme.Mais pour ne pas facher les "gardiens des frontières de l'Europe", ce sera la Commissaire aux Relations Extérieures qui mènera les négociations et non pas celui à l'Elargissement. Feinte de balayeur sans doute, car la Commission Européenne est connue pour être partisante d'un élargissement sans limites. Quant à l'Ukraine elle même, elle considère que cet accord n'est pas un substitut à l'adhésion mais plutôt un premier pas vers une adhesion complète ultérieure.
Les forces de l'élargissement sans limites sont à la manoeuvre pour qu'il se poursuive. Les gardiens des frontières feraient bien d'être vigilants.